16-17 février 2008.

Je suis en France avec mes enfants à Toulouse depuis quinze jours.
Nadia en compagnie de sa petite sœur Angella a été voir sa famille à Majunga.
Nous sommes prévenus de la venue d’un cyclone par internet ou d’une forte
tempête tropicale se déplaçant vers l’île à la vitesse de 30 km/ heure.
Son parcours maritime renforce la dépression.

Cette trajectoire capricieuse et hasardeuse a une progression qui se renforce et
bientôt se transforme en vrai cyclone direction côte Nord-Est de Madagascar.
L’île aux nattes et Sainte-Marie sont sur la trajectoire prévue et dans son « Œil ».
Les vents atteignent les 230km/heure avec des rafales explosives.
Ils tournent de gauche à droite puisque nous sommes sous l’équateur
(de droite à gauche au-dessus de l’équateur).

Aucune perte humaine dans nos îles mais 93 morts à Madagascar.
Ce cyclone a ravagé, bouleversé les fragiles équilibres économiques de Madagascar.
Broyant les cultures, les arbres, détruisant les routes,
les ponts de cette île déjà si fragile.

Nous étions avec Zaka en liaison téléphonique quotidienne avant le cyclone Ivan.
Il avait préparé sa venue, mettant les bateaux au sec, protégeant toitures et charpentes
par des sacs de sables. Les huisseries étaient ouvertes afin de ne pas faire opposition à
la puissance du vent qui soufflait. Tous les meubles et objets verticaux étaient couchés.
La digue d’une hauteur d’un mètre trente sur une largeur d’un mètre dix me semblait
être une protection suffisante pouvant arrêter les assauts de la mer…

Pure dérision ! Celle-ci, en pierre sur toute sa longueur de plus de 50 mètres
fut pulvérisée ! Des pans entiers de pierre étaient éparpillés au milieu
de ce champ de ruines. Des arbres étaient couchés, abattus par cette
colère tourbillonnante. Des maisons entières étaient éventrées,
la varangue de ma maison était couverte d’un tapis de sable de 30 cm.
Tous les rez de chaussée étaient sous 15cm d’eau.

L’île dans sa partie basse ne permettait plus que de se déplacer en pirogue.
La touffe des cocotiers était scalpée et leur tronc semblait de grand bras
tendu vers le ciel. Ma maison à étage était à cette époque le plus grande de l’île.
La pointe de son toit était chapeautée d’une girouette. Des amis m’ont dit que la
force du vent était telle qu’elle la faisait tourner à la vitesse d’une turbine.
Un de mes amis vazaha s’était enfermé dans sa salle de bain à l’abri dans
sa baignoire : il resta là terrorisé pendant huit heures, sa chevelure devenant
entièrement blanche., dit-on !

La population de l’île s’était pour beaucoup refugiée sur les hauteurs,
dans le périmètre du phare, dans cette assez vaste étendue totalement dégagée
du danger de noix de cocos qui se détachent et sont propulsées avec
la force d’un boulet de canon…

Les arbres s’abattent, les tôles métalliques des toits s’envolent et sont autant
de guillotines. Hommes, femmes, enfants, vieillards : tous sont serrés et
accroupis les uns contre les autres ; attendant sûrement que cesse cette
colère du ciel très certainement en punition de leurs péchés… ?!