Ce sont trois petites émergences de sable situées sur la côte sud-est de Sainte-Marie.
Elles se sont créées par des fragments de barrière de corail disposés en chicane
et donc se contrarient… cela provoque un effet de siphon
(tel une chasse d’eau qui remonte inlassablement le sable).
Cette accumulation a créé ces trois buttes dont la plus grande mesure
quelques 80 mètres de long sur 20 mètres de large à marée haute.
Les deux autres, lui succèdent dans une géométrie improbable…
Aucune végétation, mais elles sont recouvertes régulièrement
par nombre de coquillages qui font se ravir les enfants.
On y trouve notamment « le cœur de l’océan », petit coquillage
de la taille d’un escargot de mer, d’un rouge profond spiralé
très harmonieusement de points noirs. Ces coquillages servent
souvent à la confection de bijoux artisanaux.

Débarquant du bateau, un sentiment de liberté nous submerge, l’impression
immédiate d’être au milieu de la palette d’un peintre fou cerné par les bleus,
les jaunes, les verts, les blancs, les noirs, les roses, l’orange, ces couleurs qui
nous assaillent, coulent et se mélangent donnant ses couleurs à nos rêves.
Les vagues viennent denteler les grèves qui s’étirent et s’étiolent en des
gerbes d’écumes mousseuses. De grandes étendues d’algues créent des
prairies qui sont le refuge des petits poissons, mais aussi rassemblent les tortues
vertes qui viennent là se régaler des jeunes pousses. Le côté Est de ces îles présente
des fonds plus profonds, où l’on trouve langoustes et cigales en continuant à nager
vers la grande barrière. Les eaux, encore plus profondes,
abritent quantités de gros poissons.

Si l’on est bon nageur, en dépassant la barrière, on est carrément en pleine mer :
en face à 12.000 kms, c’est l’Australie…
La faune aquatique y est donc importante et c’est aussi une ultime étape
pour les mamans baleines et leur bébé à se préparer pour leur
grand voyage retour vers l’Antarctique.

Il est interdit d’aborder sur ces îles les mardis et jeudis qui sont des
jours fady (tabous) pour le culte animiste.

Ces îles situées à quelques 3 km de la côté-est de Sainte-Marie
nous permettent quasiment de marcher sur les eaux… !

A partir de septembre, de très importantes colonies d’oiseaux de
mer viennent y pondre leurs œufs, et ce à même des coquillages.
Le mimétisme de ces œufs se confond totalement avec ce tapis naturel.
Le prolongement du rêve est de voir des enfants partir en courant au
milieu de ces attroupements d’oiseaux qui bien sûr s’envolent tous dans
un bel ensemble parsemant ainsi le ciel bleu d’une pluie d’étoiles blanches…

Je vous ai dit qu’il y avait trois îles : il est curieux de constater que tous les oiseaux
blancs sont ensemble sur la plus grande, tous les plumages noirs sont sur la
seconde et tous les métis (noirs et blanc) sur la troisième…

Le soleil qui tape fortement, le vent qui nous enivre, l’absence de végétation,
et donc l’absence de toute ombre vivifiante font que le retour vers les rives
accueillantes de l’île Sainte-Marie sera heureusement accueilli…

Au retour, si vous fermez les yeux, et si vous vous laissez porter par vos rêves,
vous pourrez entendre en longeant la barrière de corail ou dans le lagon
claquer au vent la voilure fantôme des esquifs pirates qui sillonnent
toujours ces eaux chargées d’histoire…

Vos ancêtres ont peut-être croisé ces mêmes rivages,
eux aussi en attente de différences de rêves
et d’aventures…

La preuve ? Levez la tête vers le ciel et vous verrez peut-être dans
l’onirisme d’un bestiaire de nuages qui peuple le ciel si bleu se dessiner le
visage d’un « frère de la côte » qui vous regarde…