Il est 5h du matin, ma « maison de rêve » dort calmement dans les voiles de la nuit, ces
vagues immuables et langoureuses du lagon qui caressent les plages de l’île au rythme
des étoiles. Elle parle et craque doucement de ses bois dont la vieille sève remonte.

Les coqs s’appellent et se défient à distance, leurs cris clament leur puissance,
rassemblent et rassurent la basse-cour.

Les oiseaux, surtout des merles martins, font chanter les arbres, saluent et célèbrent
comme
tous les jours la lumière et la vie qui s’éveille.

Les chiens hurlent d’amour ou de colère, un vent léger porte les sons et fait danser les
palmes des cocotiers qui sous la lumière de la lune ombragent le sable blanc des pistes
et des plages de vitraux déchirés, les transformant en cathédrales mystiques étoilées par
les lucioles qui sont tantôt « les reines de la nuit » si elles sont devant soi ou tantôt des
sorcières maléfiques si elles sont derrière soi….

Malala, la femelle de notre couple de lémuriens, court et joue sur les toits en ravenala
(feuilles d’Arbres du voyageur) avant de venir partager mon petit déjeuner qu’elle sait
immuablement composé de fruits dont elle raffole, de pain frais qui sort du four antique
et
traditionnel, de la merveille des confitures maison dont l’odeur de cuisson est déjà une
offrande, du jus des fruits fraîchement pressés qu’elle déguste en trempant délicatement
l’extrémité de ses mains pour les lécher ensuite tout comme elle fait avec le miel sauvage.
Elle est calmement assise, sa queue gracieusement enroulée autour de son corps,
son regard est tendre mais reste vigilant, son ennemi le chat ne va-t-il pas surgir
soudainement ? Hé raté ! Pas assez rapide le chat…

La maison s’éveille et de la cuisine montent les bruits rassurants du quotidien…

Le bonheur est dans le lit…

Le Baron2020/2021