Avant d’arriver à cette « voie rapide » goudronnée, il nous fallait atteindre le petit
pont de l’aéroport situé sur notre droite à quelques 800 mètres et dont la piste en
latérite à cette époque avait originellement été construite par un colon pour son
usage personnel. Après son acquisition par l’ADEMA, elle fut prolongée pour
recevoir les moyens courriers et nantie d’une aérogare (simple case) pourvue d’un
guichet « bon enfant » et d’une balance a sacs de riz ou l’on devait monter avec ses
bagages pour en définir le poids. Le vieux Twin Otter à hélice ne comportait que peu
de places, l’absence de pressurisation faisait (dit-on) parfois sauter les verres
de montre avec l’altitude.
Le décollage se faisait à des heures aléatoires : l’avion tremblait, les sièges pour certains
récupérés des voitures, n’étaient pas toujours fixées au plancher de l’avion.
La piste allait de l’ouest vers l’est et l’on pédalait sur un accélérateur imaginaire en
espérant qu’il décolle… Après, la boucle autour de l’île aux nattes d’où l’on pouvait voir
le toit rassurant de nos maisons, cap sur Tamatave où nous devions à la fois se ravitailler
en carburant pour atteindre l’étape suivante (Tananarive) et y prendre aussi de nouveaux
passagers. L’atterrissage à Tamatave lui aussi était épique et tous « freinaient des pieds »
pour que l’avion ne dépasse pas la fin de la piste.
Mais les pilotes d’Air Mad sont des as habitués aux conditions de
navigation les plus dures et tout se passait bien.
Un vol bas au-dessous des nuages nous emmenait à Tananarive -Ivato où la
descente progressive nous permettait de constater l’étendue des immenses surfaces
défrichées de ces arbres qui, il n’y a pas si longtemps faisait appeler Madagascar l’île
verte pour la qualifier aujourd’hui d’île rouge, couleur de la latérite.
Le débarquement à Ivato se faisait au prix de prouesses de Rugbymen dont le but était la
récupération de nos bagages. Suivait alors l’affrontement du mur des bagagistes,
chauffeurs de taxi, aboyeurs des hôtels, changeurs etc.
Le Baron 2020/2021