La lune était pleine.
Nous étions assis sur les pierres encore chaudes du soleil de l’après-midi.
La lune éclairait le lagon : seul le clapotis des vagues se brisant doucement sur la barrière
de corail résonnait de ce lent souffle répétitif et harmonieux façon boléro de Ravel…

Il est 22 heures… la carte des étoiles illumine le ciel et fait une escorte à la lune qui
trace un chemin d’argent sur les flots. La voix de la Callas dans la Tosca nous berce,
voix et musique rebondissant loin dans le lagon. Nadia assise à mes côtés est incrustée
dans mes bras, nos silences résonnent dans le bonheur de nos émotions.
Doucement, sa voix s’affermit en ce que je pense être le murmure d’un rêve.
« Je n’aurai jamais pensé vivre ainsi près de toi. » Silence.
« Tu es doux, patient, gentil, je me sens protégée, en sécurité, tu m’apprends
tellement de choses, tu me fais découvrir la musique, la littérature, la peinture j’écoute
tes conversations avec tes amis mais vous parlez de choses tellement denses. »
Paroles mielleuses, silence et puis douche écossaise :
« Mais tu es vieux et un jour tu vas mourir en me laissant seule ».
Frissons, froid : « Je sais que tu ne veux pas, mais si nous avions eu un petit ensemble,
tu aurais été pour toujours auprès de moi ».

Ce langage simple, direct, bien évidemment empreint d’un souci de conservation
du titrage et bornage de son « pied de riz » (cette expression désignant généralement
un titre de propriété ferme quant à l’appartenance de l’homme à la femme).

Comment résister à de tels propos ? Moi, je n’ai pas su, je n’ai pas voulu,
jamais un de mes amours ne s’était exprimé ainsi….

Un mois après, Nadia attendait la naissance de Jonathan….